Programme Cinéma du mois de Mars : Semaine du 21 au 27 mars :
Azul oscuro casi negro
Samedi 31 mars :
Soirée Almodóvar

Pedro Almodóvar
La filmographie La Movida Pedro Almodóvar

Sa filmographie

  • (1980) Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón)
  • (1982) Le Labyrinthe des passions (Laberinto de pasiones)
  • (1983) Dans les ténèbres (Entre tinieblas)
  • (1984) Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? (¿Qué he hecho yo para merecer esto?!!)
  • (1986) Matador
  • (1987) La Loi du désir (La Ley del deseo)
  • (1988) Femmes au bord de la crise de nerfs (Mujeres al borde de un ataque de nervios)
  • (1990) Attache-moi ! (¡Átame!)
  • (1991) Talons aiguilles (Tacones lejanos)
  • (1993) Kika
  • (1995) La Fleur de mon secret (La Flor de mi secreto)
  • (1997) En chair et en os (Carne trémula)
  • (1999) Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre)
  • (2002) Parle avec elle (Hable con ella)
  • (2004) La Mauvaise Éducation (La mala educación)
  • (2006) Volver

Au commencement était
la Movida

Par Nancy Berthier

 

La Movida ne peut être comprise sans Pedro Almodóvar et le cinéma de Pedro Almodóvar ne peut s'expliquer sans la Movida. Ce courant iconoclaste - rattaché entre autres à la post-modernité, au pop art et au mouvement punk -, qui a déferlé sur une Espagne à peine remise de presque quarante années de franquisme, a irrigué tous les aspects de la culture espagnole dans les années 80, de la bande dessinée au cinéma, en passant par la littérature, les arts plastiques, la musique, la photographie, le théâtre, la presse, la mode, le design, la publicité, la radio, etc., abolissant les frontières entre culture d'élite et culture de masse.

 

Au-delà des productions culturelles, la Movida s'est imposée comme un mode de vie, essentiellement urbain et d'abord madrilène, dans lequel se produire de façon impromptue dans un concert, se rendre dans les lieux à la mode (El Rock, La Vaquería, ...), prendre des drogues ou participer à telle fête privée (chez les peintres Juan Carrero et Enrique Naya, Les Costus, par exemple) était autant de la culture que la Culture.

Le jeune Pedro Almodóvar, originaire de La Mancha, qui avait débarqué en 1969 à Madrid et y avait fréquenté les milieux underground, s'imposa assez rapidement comme l'un des chefs de file de la Movida : en raison de sa personnalité, bouillonnante et extravertie, de son goût de la provocation, mais aussi et surtout, parce que le cinéma lui permit de faire de cet art hétérogène le lieu par excellence de rendez-vous de tous les participants de la Movida, associés chacun à sa manière à une création véritablement collective.


L'objectif de cet « anti-cours » est de rendre compte du premier volet de la filmographie de Pedro Almodóvar, de Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980) à La loi du désir (1986), sous l'angle particulier de ses liens avec la Movida dans l'Espagne post-franquiste. Autant de caractéristiques essentielles pour comprendre la spécificité de l'esthétique du cinéaste espagnol qui, à partir de Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), a su développer un imaginaire capable de toucher un public international sans toutefois renier ses origines.

(http://www.almodovar.fr/fr/nosactivites/almodovar1/rencontres-debats/almodovar-movida.html)

Les débuts de Pedro Almodóvar

Né le 15 septembre 1951, d'un père comptable, à Calzada de Calatrava, un village de la Mancha, Pedro Almodóvar s'y ennuie ferme et passe ses journées, selon ses dires, à lire, peindre et regarder la télévision. Bien qu'il fût élevé chez les frères Salésiens, la seule influence qu'il revendique est celle du cinéma et il affirme avoir su, dès l'âge de dix ans, que le 7e Art serait sa vocation. A seize ans, il monte à Madrid, en pleine période hippie, et déniche pour subsister, une place d'opérateur à la Compagnie Nationale du Téléphone, qu'il conserve pendant dix ans. Il écrit des scénarios pour des magazines de BD comme "El Vibora", "Vibraciones" ou "Star"...

Entre 1974 et 1979, il réalise en Super 8 plusieurs courts métrages aux titres évocateurs comme : "Deux putes", "La chute de Sodome", "Sexe va Sexe vient "; un autre en 16 mm "Salom"é et son premier long métrage "Baise, Baise, Baise-moi Tim", films qui ne seront jamais commercialisés. Il rédige également un livre : "Feu dans les entrailles" et un roman-photo pornographique : "Tout à toi".

En 1979, il se lance dans le tournage en 16 mm de "Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier", sans moyens et grâce à la participation généreuse de ses amis. Il met en scène une galerie de personnages bizarres, punks, rockers, flics fascistes et travestis, tous drogués et obsédés sexuels, sans autre référence que le "Pink Flamingos" de John Waters (1972). Le film ne sera distribué en France que dix ans plus tard, suite aux succès de ses films suivants. De fait, dans l'Hexagone, Pedro Almodóvar ne sort de l'ombre qu'en 1987, avec "Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?", distribué confidentiellement à Paris, mais déjà remarqué par un petit groupe d'aficionados. Dans ce film, une femme jouée par Carmen Maura, devenue par la suite une des actrices fétiches du cinéaste, se tue à la tâche pour sa famille de prolétaires dégénérés. Pedro Almodóvar résume ainsi ses films anticonformistes où la joie de vivre prend toujours le pas sur les contraintes sociales et la peur de la mort :

"Je ne défends peut-être pas la morale traditionnelle, mais mes personnages obéissent à une éthique privée qui les pousse vers leur destin et leur accomplissement individuel. J'aime parler de la façon dont un individu se libère des règles d'une société. C'est pourquoi mes personnages sont souvent des femmes, des marginaux. Ma morale est celle du plaisir : chacun doit faire ce pourquoi il est fait. Mes personnages sont tous pleins de vie, mais au fond, c'est la frustration qui les remplit d'énergie. C'est vrai que la vie est tellement inférieure aux rêves". (" Emois ", n° 4, septembre 1987).

Ainsi entre 1980 et 1987, depuis "Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier" jusqu'à "Femmes au bord de la crise de nerfs", l'univers de Almodóvar fait bien écho à la Movida avec Carmen Maura comme égérie. Les histoires sont rocambolesques et les personnages déjantés se complaisent aux marges de la société. On y croise surtout des putes, des soeurs, des homos, des terroristes et des transsexuels. Le cinéma d'Almodóvar relève d'un cinéma moderne de résistance des corps où l'intimité et la psychologie des personnages se nouent dans les actions et les rencontres avec les autres.

Avec "Femmes au bord de la crise de nerfs", triomphe public à la Mostra de Venise et au Festival de Bertin où Carmen Maura décroche le Prix d'Interprétation, il obtient un succès populaire en Espagne et sa reconnaissance en France.

(http://www.cineclubdecaen.com/realisat/almodovar/almodovar.html)

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